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ÇA BOURGEONNE ! 

La guinguette de Mal de mer, Aubussargues.

5 avril 2014

Calame Alen accueille un évènement proposé par Akalmie Celsius autour du spectacle « Juliette Pollux » 

Après réflexion, l’histoire de Juliette Pollux a commencé dans l’atelier de Sylvie à Marseille où je travaillais comme petite main. Observer le corps, choisir le tissu, étirer, couper, plier, piquer, déchirer, repriser, le vêtement ainsi visé sort peu à peu du néant et prend forme sous les doigts de l’artisan. Un métier combatif, qui, contre la facilité des sous-traitances et des mains d’œuvres étrangères bon marché, défend l’unicité de son geste dans un délai « manufactura- ble » et l’intégrité d’un savoir-faire toujours plus rare. Entre deux ourlets, la langue se déliait et j’ai attrapé des bribes d’histoire de vie, d’un parcours insolite d’une couturière qui lie à sa matière textile, la relation d’un sculpteur et la persévérance d’un militant politique. 

Puis, la création a suivi son chemin, j’ai quitté l’atelier pour la salle de répétition, avec de vagues idées de performance autour du thème de l’artisanat. Le natu- rel joueur reprend le dessus, avec les idées décalées qui germent dans l’émulsion artistique.

On cherche, on écrit, on improvise.

Délocalisation des industries, agonie du petit artisanat, surenchère de gadgets autour de nous, les modalités de production ont changé, et il nous est difficile aujourd’hui d’observer la confection d’un produit du début à la fin. On assiste au mieux au montage d’un kit. Cette performance de fabrication loufoque en temps réel d’un objet absurde ne trompe personne et Juliette Pollux, dans son obstination, a plus l’étoffe du VRP ven- dant ses épluche-légumes que du maître-artisan ! Derrière le stand Juliette Pollux, il y a le visage de Sylvie. Dans un coin de ma tête, l’hommage s’écrit en contre point.

 

Hannah

 

Grâce à Calame Alen et les bonnes vibrations de la Guinguette, nous avons la chance de pouvoir mettre en pratique un dispositif alliant de nom- breuses trouvailles. Derrière Juliette Pollux, il y a la rencontre racontée ci-dessus et les travaux du col- lectif en résonance, imaginés pour cette carte blan- che. L’historique d’un spectacle donne ici naissance à une installation photographique, un stand d’artisa- nat et d’autres moments concoctés pour l’occasion.

Depuis 2008, le collectif Akalmie Celsius s’appli- que à explorer la création en espace public, à travers des formes théâtrales, photographiques et chorégra- phiques. Nos créations sont tournées vers ce même besoin « d’aller vers », de chercher artistiquement com- ment entrer en contact, et comment, de cette ren- contre avec les passants, les spectateurs, les habi- tants, peut naître un acte artistique authentique. La rue est comédienne et raconte les humains. Il nous faut alors trouver la façon juste de se glisser à tra- vers ces petits théâtres de tous les jours, avec dis- crétion mais avec poigne, tel des passeurs inspirés.

 

Le collectif Akalmie Celsius, le 5 avril 2014

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